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Les leviers de l’expérience étudiante

Les leviers de l’expérience étudiante

La Région IDF a dévoilé le Schéma régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (SRESRI) qui vise à soutenir et promouvoir l’excellence francilienne en matière d’enseignement, de recherche et d’innovation. Ce document « SRESRI » identifie les défis et les enjeux de l’ESR francilien notamment en matière d’attractivité, et en particulier le défi de l’expérience étudiante. Revue de détail des enjeux de cette expérience étudiante, de ses impacts sur la façon d’imaginer des campus modernes et attractifs, et de la stratégie de la Région pour répondre à ces défis.

Une attractivité réelle de l’Ile-de-France mais très fortement concurrencée par d’autres régions du monde

L’Ile-de-France conserve une forte attractivité et un leadership indéniable dans l’accueil des étudiants étrangers. Outre l’excellence de la formation, la qualité de vie française ou le dynamisme de son économie, la culture et la langue française font que la France est le premier pays non anglophone d’accueil d’étudiants étrangers.

Néanmoins, soumise à une compétition particulièrement intense, l’Ile-de-France connaît un certain effritement de sa position. La progression des étudiants accueillis en Ile-de-France est de 6% entre 2004 et 2014, contre 23% dans les autres régions ce qui amène à s’interroger sur la capacité d’attraction réelle d’établissements franciliens pourtant prestigieux.

Le défi de l’expérience étudiante sur les campus

La dynamique favorable concernant l’attraction d’étudiants étrangers repose sur une dimension particulièrement importante pour ce public : la recherche d’une « expérience étudiante » de grande qualité. Celle-ci déborde le seul prestige de l’établissement et des formations reçues. Vie de campus et « sentiment d’appartenance », qualité et coût de la vie (coût des logements, transport), diversité des expériences (activités associatives, vie culturelle et sportive, entrepreneuriat, stages, etc.) sont autant de déterminants de cette expérience étudiante globale. Sur ces différents points, des marges d’amélioration importantes existent pour les universités et campus franciliens.

Le défi du logement étudiant en Ile de France

Le logement et le transport peuvent jouer en la défaveur de l’Ile-de-France : seuls 54% des étudiants étrangers sont globalement satisfaits de leur logement, contre 75% de leurs homologues français. Les raisons de cette insatisfaction portent principalement sur le prix (seuls 35% de satisfaits), la superficie (43%), la distance au lieu d’étude (46%) ou encore le confort. Plus de 6 jeunes sur 10 habitent encore chez leurs parents, un chiffre très élevé comparé aux autres régions. Parmi les étudiants qui se logent en dehors du foyer familial, l’offre spécifique de logement social étudiant est insuffisamment développée avec seulement 11 logements pour 100 étudiants, inférieur à la moyenne nationale de 14 logements pour 100 étudiants. La Région a consenti à un effort conséquent ces dernières années (en 2008, ce chiffre n’était que de 8 pour 100), mais le défi « quantitatif » demeure.

Le défi du transport pour les étudiants franciliens

A cette difficulté de se loger, se combine une obligation de se déplacer, qui peut être expliquée par plusieurs raisons cumulatives. Les prix très élevés des loyers à Paris intra-muros où se situent encore la majorité des établissements d’enseignement poussent les étudiants à se loger ailleurs. Seules 17 000 places de logements sociaux, moins du quart du total de la région, sont disponibles dans Paris. C’est aussi la trop faible densification des différents campus franciliens en matière de logements étudiants qui expliquent un temps de transport élevé. De manière générale, le temps de trajet moyen des étudiants dépasse 30 minutes (largement supérieur aux autres régions) via un réseau de transport performant mais assez chargé et souvent soumis à des perturbations.

Distance horaire entre les principales villes universitaires  – © SRESRI 

Une vision large de l’expérience étudiante

Les étudiants français ou internationaux sont également sensibles à d’autres dimensions comme la qualité de l’enseignement et des méthodes pédagogiques, mais aussi les compétences et le capital social induits par la diversité des expériences (associatives, culturelles, économiques) permises par la vie étudiante.

Cette vision plus large de l’expérience étudiante est primordiale : il s’agit de garantir un continuum entre études, vie sociale, vie de campus, premiers engagements actifs dans associations ou des projets d’entreprise, afin de permettre l’émergence chez les étudiants d’un sentiment d’appartenance à une communauté, et singulièrement à une université, qui saura en même temps les projeter dans la « vie active » en intégrant ces composantes au sein même de la vie étudiante.

Les exemples des campus étrangers montrent qu’il est essentiel de disposer d’une vie de campus et d’une vie étudiante riche et développée, réfléchie en amont. Le campus donne une réalité géographique, esthétique, symbolique, à l’université avec laquelle il se confond et qui décuple son attractivité. Le développement d’une offre d’hébergement, d’une offre culturelle, la présence d’installations commerciales, d’équipements sportifs, l’intégration de laboratoires de recherche publique ou privée, d’incubateurs, de locaux d’entreprises et tout particulièrement de start-ups au sein d’un campus sont des marqueurs de l’expérience étudiante, qui doivent favoriser les passerelles entre ces différents mondes (stages, pédagogie par projets, emploi étudiant, entrepreneuriat étudiant, engagement associatif, etc.).

L’innovation pédagogique au service de l’expérience étudiante

La pédagogie est le dernier élément clef de l’expérience étudiante sur lequel les acteurs de terrain insistent. Profondément bouleversée par la révolution numérique, la pédagogie connaît un foisonnement d’initiatives, d’expériences, d’évaluations, y compris en France. Les nouvelles pédagogies (pédagogie inversée, par projets, etc.) et le développement des pratiques digitales permettent d’assurer la modularité des formations et d’adapter ces dernières aux besoins ou contraintes des individus, des enseignants et des entreprises. Certains établissements franciliens ont récemment lancé des formations certifiantes intégralement à distance, ce qui démontre l’appétence pour ce nouveau médium d’enseignement.

L’engagement de la Région en faveur de l’expérience étudiante

Développer des campus vivants et innovants est l’une des principales ambitions de la Région, ainsi que favoriser l’attractivité à l’international de l’écosystème « ESRI » francilien.

Développer des campus vivants et innovants

La Région souhaite promouvoir la constitution d’universités et de campus de haut niveau, adaptés aux transformations de « l’économie de la connaissance » et à la révolution digitale.

Dans le domaine du logement, la Région s’est investie depuis de nombreuses années pour la production de logements étudiants, ce qu’elle poursuivra désormais en particulier dans une logique de campus pour développer le sentiment d’appartenance à une entité commune. Plus généralement, elle pourra soutenir des projets d’aménagement de diverses natures (infrastructures, bâtiments, paysages, équipements) en cherchant à mettre l’usager (étudiant, chercheur, enseignant, etc.) au coeur du dispositif pour contribuer au renouvellement de la conception et de la vie des campus.

La Région souhaite également soutenir plus spécifiquement certaines expérimentations et pratiques innovantes, à toutes les échelles, en particulier sur le numérique, la pédagogie, et l’intégration du monde économique au sein des campus. L’intégration locale des campus avec une interactivité en direction des habitants et du territoire devra faire l’objet d’une attention particulière. Les relations recherche/entreprises sont capitales. Elles peuvent être favorisées par la création au sein des campus de lieux nouveaux qui favorisent les occasions concrètes de rencontres, de connaissances mutuelles.

Le coup de pouce à des projets partenariaux avec des entreprises de la filière « EdTech » à fort effet de levier est également une autre piste à développer : l’emploi d’applications liées à la vie étudiante ou de logiciels pédagogiques sur de petites échelles génère un puissant effet de démonstration qui peut constituer un déclic pour le déploiement à plus grande échelle sur un établissement.

Si la construction de nouveaux ensembles doit permettre d’intégrer directement ces problématiques, il sera aussi nécessaire de réhabiliter les campus existants (bâtiments universitaires, logements, équipements divers) qui ne sont pas adaptés à ces nouvelles formes d’échanges avec les entreprises ni aux nouveaux modes de transmission des connaissances (MOOC, espaces de travail collaboratif, etc).

Des clusters vecteurs de dynamisme

Forte de très nombreux sites universitaires de premier plan et d’une remarquable concentration de grands groupes internationaux et de start-up, l’Ile-de-France dispose de solides atouts dans la création de campus internationaux , qui s’engage dans la plupart des pays industrialisés. Sa priorité est donc, désormais, de favoriser la concentration des talents et des ressources nécessaires au déploiement de clusters puissants et compétitifs.

Réparties dans toute l’Île-de-France, les différentes universités d’excellence constituent autant de points d’appui à la construction de campus susceptibles d’exercer un effet d’entraînement sur le territoire en termes d’emploi, d’innovation et de création de valeur. Depuis plusieurs années, la Région effectue un travail  d’analyse centré sur plusieurs clusters étrangers, en particulier Digital Media City à Séoul (Corée du Sud) et Aalto University Design Factory à Helsinki  (Finlande). L’enjeu de ces recherches : identifier les facteurs clés de succès pour accompagner au mieux l’émergence des clusters franciliens. Soutien à l’immobilier universitaire,  appels à projets sur la formation et la recherche, logement étudiant, transport, culture, santé, sport… la Région fait d’ores et déjà converger ses différentes politiques pour stimuler leur développement.

Des clusters vecteurs de dynamisme ©SRESRI

Une présentation du SRESRI est à retrouver sur le site de la Région : 

https://www.iledefrance.fr/sites/default/files/2019-05/brochure_enseignement_superieur-recherche.pdf