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Les espaces d’enseignement informel

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Le Ministère de lʼEnseignement supérieur, de la Recherche et de lʼInnovation a publié en 2015 une étude sur l’impact du numérique sur les espaces d’apprentissage. Nous n’avons pas la prétention de résumer ici cette étude particulièrement riche et dense de 172 pages, accessible en ligne sur le site du ministère. Mais certains éléments relatifs aux espaces d’enseignement informels nous ont semblé particulièrement intéressants, pour l’immobilier universitaire mais également plus largement pour tous les établissements d’enseignement supérieurs, aussi bien publics que privés. En voici un aperçu.

La multiplication des espaces d’enseignement informel

Avec l’essor du numérique, chaque lieu devient un potentiel espace d’apprentissage informel. Ainsi des lieux de flux, de pause, ou encore les espaces extérieurs, se révèlent tout aussi efficaces pour l’apprentissage et la formation des étudiants que les salles de cours ou les amphithéâtres…

De ce fait, les halls, les circulations, les espaces extérieurs qui servaient essentiellement à la circulation des flux deviennent aussi des espaces d’échange et de travail informel. Ils sont à considérer comme de la surface utile au même titre que les espaces d’enseignement formel, ce qui impacte la conception et la programmation des locaux. Les couloirs ne servent plus exclusivement à la circulation et deviennent des espaces de rencontres en étant élargis et équipés de mobiliers adaptés. Ceci implique qu’au moment d’une construction ou d’un réaménagement, ils soient dimensionnés et conçus comme des espaces à part entière.

Trop souvent, la programmation universitaire répartit les flux selon une logique académique ou sécuritaire, alors qu’elle devrait d’abord définir une stratégie de sérendipité, qui exprime l’importance des rencontres aléatoires dans les processus de découverte et de créativité

Plus les lieux sont spécialisés fonctionnellement et géographiquement, plus ils sont pauvres du point de vue de l’altérité. Il faut aujourd’hui considérer les espaces de circulation comme des espaces polysémiques et des espaces « capables » au sens de leurs facultés à accueillir des pratiques multiples improvisées que l’on trouve aujourd’hui dans l’espace public. Le succès des learning-centres démontre qu’il convient de favoriser la situation de l’individu qui aime être « seul au milieu des autres »

Les espaces de circulation et les halls

Les espaces de circulation, outre leur fonction de gestion des flux, deviennent des lieux d’apprentissage à part entière. Cela induit, pour gommer l’effet « couloir », une toute autre conception de l’aménagement :

  • pénétration de la lumière naturelle,
  • création de « niches » ou renfoncements pour des espaces de travail intimes,
  • des revêtements muraux permettant d’écrire dessus ou projeter des informations,
  • un mobilier confortable, spécifique et diffèrent de celui des salles de cours (canapé, fauteuils, poufs, etc.),
  • des prises réseaux reparties régulièrement pour se brancher de n’importe où, et des réseaux informatiques aussi performants que dans le reste des bâtiments.

Naturellement, il est très important de bien dimensionner ces espaces de circulation : le stationnement des personnes ne doit en aucun cas empêcher la gestion des flux et engendrer des encombrements ou des blocages.

Les escaliers monumentaux

De tout temps et à l’image des marches que l’on trouve dans l’espace public antique, les escaliers sont des lieux que beaucoup d’usagers s’approprient. Leur configuration, à l’image des « gradins », permet de visualiser largement l’espace dans son intégralité, d’être ensemble mais en petits groupes… comme dans les forums antiques. Les grands escaliers deviennent en quelque sorte la place publique de l’université. Ils n’exigent pas d’aménagement particulier pour répondre à cet usage social. Ils sont proches de la configuration des grands amphithéâtres mais permettent une posture plus libre.

Les espaces extérieurs

Trop souvent considérés comme des éléments d’architecture esthétiques et fonctionnels (apport de lumière, aménité des vues offertes) mais le plus souvent sans accès autorisé, les espaces extérieurs et autres toits-terrasses gagnent à être investis pour des temps d’échanges, de travail et de convivialité encore différents. Les toits, terrasses et balcons peuvent aussi accueillir des zones végétalisées, voire cultivées qui peuvent permettre d’autres types d’échanges.

Les dessus-dessous

Principe : se réapproprier les espaces « recoins », perçus souvent comme inexploitables car disposant de peu de hauteur sous plafond, de peu de luminosité, n’inspirant pas toujours un sentiment de sécurité. Réappropriation par exemple des espaces résiduels implantés sous les structures de certains amphithéâtres et escaliers ou des galeries implantées en étage. Cet investissement de nouveaux lieux permet non seulement de rendre à ces espaces oubliés un certain attrait mais permet surtout une optimisation des superficies.

De la même manière il est intéressant de réfléchir au découpage horizontal d’un volume qui offrirait une trop grande hauteur sous plafond, par la création d’un plateau intermédiaire accueillant des fonctions « informelles ». Les « dessous » peuvent être employés pour créer des réserves ou salles de stockage. Trop souvent sous-estimés, ces lieux de stockage sont primordiaux, notamment dans le cadre des nouveaux usages des circulations et halls. En effet si l’on doit libérer totalement des zones entières pour une autre utilisation, on doit pouvoir stocker facilement l’ensemble du mobilier à proximité. A contrario, si l’on veut se poser alors que l’espace est vide, on doit pouvoir le meubler tout aussi aisément.

Pour poursuivre cette réflexion, l’intégralité de l’étude « Guide Campus d’avenir 2015 : Concevoir des espaces de formation à l’heure du numérique » est à retrouver sur le site du Ministère : http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid87012/www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid87012/www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid87012/guide-campus-d-avenir-2015-concevoir-des-espaces-de-formation-a-l-heure-du-numerique.html